Biographie de Mauro Castillo Gamarra
Origines et jeunesse (1946-1960s)
Mauro Castillo Gamarra naît en 1946 à Azángaro, dans la région de Puno, au sud-est du Pérou, une zone andine riche en traditions culturelles et artistiques. Issu d’une famille modeste, il grandit dans un environnement imprégné des paysages altiplaniques et des coutumes locales, qui influenceront profondément son œuvre future. Il est le frère de Raúl Castillo Gamarra, un musicien célèbre pour son huayño "Mamita Candelaria", ce qui ancre la famille Castillo dans le patrimoine culturel péruvien.
Dès son adolescence, Mauro montre un talent précoce pour le dessin et la peinture. À la fin des années 1950 ou au début des années 1960, il migre vers Arequipa, surnommée la "Ville Blanche" pour ses bâtiments en sillar volcanique. Cette ville devient son foyer artistique et le lieu où il forge son identité de peintre. Cette migration reflète un parcours classique pour les artistes andins cherchant à se former dans des centres urbains plus dynamiques.
Formation artistique (1960s)
À Arequipa, Mauro intègre l’École Régionale de Beaux-Arts "Carlos Baca Flor", une institution prestigieuse fondée en 1947, où il bénéficie de l’enseignement de maîtres tels que Víctor Martínez Málaga et Carlos Trujillo. C’est là qu’il perfectionne ses compétences en dessin, peinture à l’huile et, surtout, en aquarelle, une technique qui deviendra sa signature. En 1966, il participe à l’École d’Été de l’Université de San Agustín, dirigée par le peintre Carlos de la Riva, où il rencontre d’autres jeunes artistes comme Percy Hurtado et Víctor Turpo. Cette période marque le début de son engagement dans le groupe artistique "Vinatea Reynoso", fondé cette même année, qui cherche à promouvoir une peinture arequipeña moderne.
Sous l’influence de Carlos de la Riva, Mauro affine son style sans se limiter à une seule technique. Il explore l’huile pour les œuvres en atelier et l’aquarelle pour les peintures en plein air, développant une maîtrise exceptionnelle des jeux de lumière et de couleur, inspirée par les paysages andins et les scènes urbaines d’Arequipa.

Mauro Castillo au travail | Crédits : TRANSFORM.NO
Carrière et reconnaissance (1970s-1990s)
Dans les années 1970, Mauro Castillo Gamarra s’impose comme un acuareliste de premier plan au Pérou. Il devient une figure influente dans le renouveau de cette technique à Arequipa, où il exerce une influence notable sur une génération de jeunes peintres dans les années 1980. Ses œuvres capturent les identités andines – ponchos, polleras, mantones, sombreros – avec une palette lumineuse et des traits distinctifs, souvent comparés à une quête d’identité culturelle profonde.
Il expose régulièrement dans des galeries locales et nationales, remportant de nombreux prix prestigieux : le Prix Michell, le Prix ICPNA (Institut Culturel Péruvien Nord-Américain), et le Prix Alianza Francesa, soulignant son rayonnement au-delà des frontières. Ses expositions individuelles et collectives s’étendent à l’international, notamment en Europe et en Amérique latine, où ses aquarelles et huiles – marquées par des textures riches et des contrastes de lumière – séduisent critiques et collectionneurs. Parmi ses œuvres notables, on cite Chivos (huile, 55 x 75 cm), Remembranzas - Yanahuara (huile, 44 cm), et des aquarelles inspirées des paysages andins et des scènes rurales d’Arequipa.

Intérieur de l'église de Chinchero, huile sur toile | Collection privée
Style et philosophie artistique
Mauro Castillo Gamarra est souvent décrit comme un "peintre pur", dont chaque pinceau traduit la transparence et la lumière des paysages arequipeños. Ses aquarelles, en particulier, se distinguent par leur spontanéité et leur capacité à saisir l’essence des hauts plateaux andins et des vallées agricoles. Il s’inspire des couleurs dominantes de la nature – ocres, verts profonds, bleus éclatants – et des costumes traditionnels, reflétant une identité conflictuelle entre modernité et racines culturelles.
Dans une conversation rapportée par Willard Díaz (revue Alto de la Luna, 2012), Mauro expliquait que son art était une manière de "se rapprocher du dieu Soleil", une référence à la spiritualité inca et à la théorie des miroirs de Lacan, où l’artiste se confronte à ses origines. Contrairement à certains contemporains, il ne cherche pas à imiter les avant-gardes européennes, mais à réinterpréter le réalisme andin avec une modernité personnelle.
Influence et héritage (2000s-2025)
Dans les années 2000 et 2010, Mauro continue d’exposer, notamment avec des rétrospectives comme "Luces del Sur" à Arequipa (2019), qui attire un large public. Ses tableaux, souvent sans signature, sont immédiatement reconnaissables grâce à son style unique, comme le raconte une anecdote où une exposition entière fut vendue sans qu’il ait signé ses œuvres, le public identifiant clairement son empreinte.
Il devient un modèle pour les jeunes artistes de l’École de Bellas Arts "Carlos Baca Flor", où il a contribué à établir une "mística" et une "esthétique" différentes dans l’aquarelle péruvienne. Des peintres tentent de s’inspirer de ses thèmes, mais peinent à reproduire la complexité de ses compositions, comme il l’a lui-même noté dans une interview.
Mauro Castillo Gamarra reste actif dans la scène artistique jusqu’à récemment (aucune information ne confirme son décès à mars 2025), et son œuvre continue d’être célébrée comme un pont entre tradition andine et modernité. Ses tableaux sont conservés dans des collections privées et publiques, bien que peu de musées majeurs soient explicitement cités comme dépositaires. Dans notre collection à Mission Île de la Cité, ses œuvres occupent une place spéciale, témoignant de notre engagement à valoriser les artistes internationaux liés à l’art patrimonial.

Scène dans la cordillère des Andes | Collection privée
Vie personnelle
Mauro est marié et a des liens familiaux étroits avec la communauté artistique et musicale d’Arequipa et de Puno. Sa fraternité avec Raúl Castillo Gamarra, compositeur de musique traditionnelle, renforce son ancrage dans la culture populaire péruvienne. Il vit toujours à Arequipa, dans un atelier de la rue Puente Bolognesi, où il conserve une mémoire visuelle de ses voyages et inspirations.